Le patrimoine bénédictin

Les pêcheries

La baie de Cancale, caractérisée par un vaste plateau continental de faible pente, baignée par des marées de très fortes amplitudes et protégée de la houle du large par la pointe du Grouin, a toujours été un lieu de prédilection pour la pêche à pied. Les pêcheries consistent en une enceinte construite sur les grèves en vue d’un établissement perpétuel, qui reste à sec, à marée basse, capturant dans cet espace enclos , le poisson “qui y a porté le flot et que le jusant a surpris”.

Il ne serait pas étonnant que dès le Haut Moyen-Age , des pêcheries aient existé dans la baie du Mont Saint-Michel… On sait que plusieurs d’entre elles remontent au moins au XIIe siècle, puisque l’enquête publique per turba ( par tourbe )de 1181, en mentionne plusieurs entre Cherrueix et Saint-Benoît-des-Ondes. L’arrêt royal de 1732 atteste de l’existence de 5 pêcheries sur le territoire de la paroisse de Saint-Benoît-des-Ondes : “La Brie”, “la Roussette”, “le Bas-Champ” et les 2 dernières répondant au nom de “la Pauvrette”.

De forme triangulaire, les pannes, ou côtés, consistent en des clayonnages de branchages entrelacés, d’orme et de bouleau, reliant des pieux de chêne enfoncés dans la tangue. Leur longueur varie de 250 à 300 m et leur hauteur de 1 m du côté de la côte à 3 ou 4 m du côté de la tête de pêcherie. Une bourrache , ou bâchon, gros cylindre formé d’une armature d’orme et de saule fermé à ses 2 extrémités par des cônes dont la pointe est orientée vers l’aval, sert à piéger les poissons ou crustacés retenus par les pannes.

Après la guerre 1939-1945, ces pêcheries ont disparues progressivement. Actuellement une seule est encore exploitée à Saint-Benoît-des-Ondes. La pêche se pratiquait à pied, de jour comme de nuit, 2 fois par jour suivant l’heure des marées avec quelques jours d’arrêt pendant la morte-eau. L’entretien de ces pêcheries avait lieu au printemps les jours de marée, ce qui permettait de disposer de plus de temps pendant la marée basse. Les fagots de branchages étaient reliés ensemble par des chaînes pour former une drome. Elles étaient ensuite amarrées à un doris et tirées à coups d’avirons par 2 ou 3 hommes, à marée haute. La plupart de ces pêcheries étaient exploitées par des anciens marins de Terre-Neuve. Si jadis l’accès se faisait à pied, ce sont aujourd’hui des tracteurs qui sillonnent les sentiers jalonnés de branchages plantés dans la vase.